dimanche 30 octobre 2011

lundi 10 octobre 2011

Essai de critique : TOUT EST BON DANS LE COCHON (DE GAZA)

                              


Le film traite d'un sujet politiquement sérieux : celui du conflit israélo-palestinien qui sévit depuis maintenant trop longtemps. Il montre à la fois l'absurdité et l'enlisement de celui-ci. Avec beaucoup d'humour, il provoque un rire désopilant chez le spectateur qui se trouve face à des situations hilarantes. Mais ici le côté drôle n'est pas là pour masquer superficiellement des enjeux plus profonds; il est là pour dédramatiser une situation absurde: l'impossibilité pour deux peuples de cohabiter, de coexister. Cet humour marque la simplicité et la connivence de deux mondes qui peuvent tout à fait se réunir sur des plans aussi humains que ceux touchants aux besoins de se loger, de se nourrir, rire, croire et vivre ensemble mais qui n’y arrivent pas. Même si le long-métrage traite des méfiances des musulmans à l'égard des juifs et inversement, ce notamment grâce au regard perplexe du protagoniste Jafaar (interprété par Sasson Gabai) à travers les grilles qui le séparent d'une colonie israélienne, un but et un intérêt communs ne peuvent que rapprocher des êtres au premier abord si différents, qui ne le sont finalement que par leurs coutumes et leurs croyances. Pourtant ici une croyance les réunit : le cochon est un animal impur. Ce but commun est celui sinon de se débarrasser tout du moins de tirer profit du cochon, animal qui ne peut toucher aucun des deux sols sans le souiller et qui est considéré comme le pire des vices, mais moins pire que de parler à un soldat israélien ayant envahi votre maison. Le musulman considère ce cochon comme une punition d’Allah et en a peur. Il est plusieurs fois vu en train d’essayer de se purifier grâce aux ablutions. L’eau est pour lui salvatrice alors même que c’est cette eau méditerranéenne qui lui a apporté le cochon. Jafaar est terrifié par une créature qu’il ne connaît pas et qu’il apprend à apprécier ou plutôt considérer davantage au fil des bobines qui passent. Le cochon serait-il, plus qu’un lien entre les deux peuples, une métaphore de l’Autre être qu’il faut comprendre et accepter ?
Sans promouvoir un message politique en faveur d’un Etat palestinien (« Ce cochon est un danger pour notre Etat ! - Mais on n’a pas d’Etat ! » réplique un palestinien comme dans un cri déchirant mais ironique à propos de cette sorte de manque de reconnaissance d’une entité qui pourtant existe sur le terrain) ou du renforcement des colonies israéliennes, sans prendre position (et c’est là certainement le coup de génie du réalisateur Sylvain Estibal), le Cochon de Gaza promeut surtout un message social et pacifique.

Toute l’émotion se ressent lorsque les dialogues écrits avec justesse laissent placent au silence de la mer, à la beauté des paysages, à l’envol des oiseaux vers une liberté tant désirée, à cette dispute vaine, inutile, silencieuse, exprimée uniquement par des gestes en ombre et lumière, entre un homme musulman et une femme juive, entre deux communautés, dans la promiscuité d’une barque bancale et fragile, où l’équilibre se mesure en millimètres et se joue à peu de tempérance près. Suivent les dernières images : celles de l’espoir d’une reconstruction quitte à ce qu’elle soit sur des béquilles parce que plusieurs membres décisifs ont été perdus en cours de route, l’espoir d’une réunion autour de joies quotidiennes de la vie, l’espoir de sourires, l’espoir de retrouver une terre, l’espoir de survivre, l’espoir de simplement se tenir debout côte à côte dans la tolérance face au dynamisme d’une danse.
                                                                           Bande annonce
En sortant de la salle, on se dit « tout ça pour un cochon ! » avec quelque peu d’ironie parce que toutes ces péripéties, et on constate à quel point il est facile de s’enliser rapidement dans une situation complexe et de s’enrôler sans le vouloir dans un groupe terroriste, sont les conséquences d’un petit animal pourtant inoffensif et pêché complètement au hasard. Alors bien sûr on se demande : « qu’est-ce qu’un cochon vietnamien faisait dans les eaux Méditerranéennes ? » mais il n’était qu’un prétexte pour faire un beau film de plus sur le sujet israélo-palestinien mais avec davantage d’humour, de beauté, d’émotion et surtout d’originalité. C’est ce qui marquera le spectateur enthousiaste à la vue de cet hymne au partage.
La poésie est totale, jusqu’à la fin et la musique nous transporte dans un voyage à la fois initiatique et renaissant. Après réflexion, on se dit aussi que tout cet espoir n’est qu’une illusion au pied d’un mur de béton armé gigantesque, on se dit que cette vision poétique et drolatique n’est en fait qu’utopique, qu’elle nous a fait rêver pendant une heure trente et que malheureusement, la réalité est autre. Mais je pense qu’il ne faut tomber ni dans l’optimiste naïf ni dans le défaitisme absolu : les solutions existent, les intérêts communs aussi, il faut creuser des tunnels dans les mentalités pour percer les blocs d’intolérance et il faut aller jusqu’au bout des résolutions.

dimanche 9 octobre 2011

Les chemins de fer





(Celles de moi prises par Lust Revy)

Ils étaient si durs, si difficiles à approcher. Ils étaient à la fois barbelés et barbants car leur électricité nous encombrait pour faire ce que nous voulions : aller de l’avant. Il fallait tourner la page bombardée de confettis, de balles comme sur le champ de bataille de Bagdad. Il était ardu de les traverser perpendiculairement et de les surmonter. Il était tout aussi compliqué de marcher dessus. Tout piquait, tout était pointu dans le but de nous écorcher vivants. Les longer était risqué car tous les trois pantalons une tour de surveillance dirigeait vers nous ses pistolets à eau déverseurs de sang. Braqués sur nous en permanence, au moindre mouvement, au moindre bruit, leurs chiens en peluche allaient entendre nos ultra-sons que nous même nous n’entendions pas. Nous avions juste faim de découvrir la vie et de continuer à avancer. Nous voulions en somme seulement savourer de délicieux spaghettis saucés. Au bout du chemin se trouvait la liberté de la sauce tomate. Au bout de la voie se trouvait la voix que dis-je le cri de la victoire pimentée par un périple corsé et poivré. Au bout de l’axe se trouvait les odeurs alléchantes du plaisir de choisir entre un coquelicot et un nœud papillon. Au bout de la ligne se trouvait la communication enchantée, rapide et pratique. Au bout de la route en perspective interminable et rayée comme un serpent empoisonné se trouvait ce que nous voulions faire plus tard, se trouvait l’éclairage néonique des villes follement illuminées. Solidairement liés, nous allions combattre le fer s’il le fallait puisqu’il faut parfois faire des sacrifices pour forcer les phares de l’existence. Au milieu du désert, de la forêt, de la mer, de la plaine, de la mégapole, les chemins de fer tracent leurs fumées noires coulant des cheminées pleines de suie sur nos joues raillées de bois et de clous de girofle, enfoncés en profondes entailles, et sous nos nez qui ont du mal à respirer car nos poumons sont obstrués par les obstacles brûlants des peines de prison. Prisonniers de nous-mêmes, nous fuyons un fantôme passé et des militaires camouflés en géant verts nous traquant, passant, présent, futurant. Nos cœurs ralentissent pour ne pas éveiller de soupçons sur la présence de nos vies. Nos cerveaux croient à notre mort et nous propulsent violemment du haut des wagons. Nos corps roulent sur plusieurs pantalons de distance, dévalant les monts de pneus séchés. Dans l’impression de propulsion, nos yeux s’ouvrent. Nos cœurs manquent de battre à trois reprises. La première parce qu’il ne le fallait pas, la deuxième parce qu’ils avaient oublié et la troisième parce qu’ils étaient en train de partir. Mais c’est alors que les dictaphones dans les nids d’œufs rouges nous intiment dans la plus grande publicité de danser tels des fous sur les musiques qu’ils vont diffuser. Se font alors entendre des casseroles alto, des fourchettes soprano, des couteaux barytons et des poêles ténor. Nous bougeons nos popotins d’est en ouest comme ceux de Colomb et ses rameurs, nous gesticulons nos bras du nord vers le sud comme Gama parce que les gammes déprimées de couleurs endormies dans leur lits vides noires et blanches nous l’indiquent. Nos mouvements sont si grands, si amples, si puissants que la rotondité de la terre s’aplatit et qu’elle commence à tourner dans l’autre sens. Nous sentons finalement nos poitrines se lever et redescendre, se lever et redescendre. Solennellement, alors que tout est en mouvement autour de nous, nous marquons une pause et au ralenti, nous posons notre paume sur notre poitrine en un geste symbolique et patriotique envers notre propre mentalité et nous ressentons le plaisir extrême, la joie intense, le sentiment rassurant d’être certain que notre cœur bat bel et bien, laid et mal, qu’il bat et que malgré tout, nous sommes en vie.



 

samedi 8 octobre 2011

La ville rôôôôse

Quand il me prend dans ses bras
Il me parle tout bas
Je vois la vie en rose
Il me dit des mots d'amour, des mots de tous les jours
Et ça me fait quelque chose
Il est entré dans mon coeur
Une part de bonheur dont je connais la cause
Dès que je l'aperçois, je sens mon coeur qui bat...



Musée des Augustins : musée des Beaux Arts de Toulouse



Un petit air de Darcy dans Price&Prejudice?




Le Retour de Falguière

  

David, ce BG



Ce qui donne l'amour est une arme (quelle ironie!) : la flèche de Cupidon, petit ange au sourire à la fois diabolique et charmeur


Comédie


Tragédie


Envie


Descendre des escaliers sans regarder ses pieds et sans se casser la gueule: check














 Summer has come and past... (Green Day, Wake me up When September Ends)


Les joies d'une douce brise ensoleillée se déposant entre les frissons de nos peaux rosées


Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,
Ô Beauté? ton regard, infernal et divin,
Verse confusément le bienfait et le crime,
Et l'on peut pour cela te comparer au vin.

Tu contiens dans ton oeil le couchant et l'aurore;
Tu répands des parfums comme un soir orageux
(Baudelaire, Hymne à la Beauté)


"Mon coeur bat dans mes yeux" prononça-t-elle une soirée de l'été indien pendant que nos hanches swinguaient et que nos corps dansaient aux sons entraînants d'une chaleureuse salsa


Vous avez des joues qui appellent le baiser d'une soeur,
Et des lèvres qui réclament le baiser d'un amant. (Hugo, Les Misérables)


Puisse vos beaux yeux ne jamais pleurer et vos lèvres sourire sans cesse! (Alfred de Vigny)


Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir:
Valse mélancolique et langoureux vertige!

Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;
Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige;
Valse mélancolique et langoureux vertige!
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.

Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige,
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir!
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.

Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux receuille tout vestige!
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir!
(Baudelaire, Harmonie du Soir)


La vie est une rose dont chaque pétale est une illusion et chaque épine une réalité. (Alfred de Musset)


Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vêprée,
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.

Las ! Voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las ! Ses beautés laissé choir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
(Ronsard)


The feeling that I'm locked inside myself (Selah Sue)


Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain:
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.
(Ronsard, Sonnets pour Hélène


Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées! (Baudelaire, Le Balcon)


Et le coeur rouge battant qui nous fait vivre se couche sous les toits du ciel...