mardi 30 novembre 2010

Masque ironique de fer

« Sa princesse est tout près, mais retenue sous son toitCar l'amour a ses prisons que la raison déshonoreMais Juliette et Roméo changent l'histoire et se tirent
À croire qu'ils s'aiment plus à la vie qu'à la mort
Pas de fiole de cyanure, n'en déplaise à Shakespeare
Car l'amour a ses horizons que les poisons ignorent »
Grand Corps Malade.




                                          Bilbao - Espana Verano 2010 Musée Guggenheim
                                                 

                                                          Salamanca - Espana Verano 2010


« Dans le labyrinthe des barbelés
Les barreaux me piègent et m’assaillent
Les barrières me retiennent emprisonnée
Sans échappatoire sans brèche sans faille
Je n’ai pas la possibilité de fuir et de m’évaporer
L’issue semble inaccessible  autant qu’inexistante
Dans ce parcours arrondi de couloirs métalliques
Qui n’est que la métaphore sanglante
Du cloisonnement onirique
Que j’ai moi-même bâtit
Pour me protéger des attaques et des peines
Cela ne fait que finalement m’isoler
Piégée par ma propre action je purge ma peine
Dans la prison des crimes sentimentaux passionnés
Où le lointain semble bien restreint
Malgré tout l’espoir que je porte en mon sein
Que je ne peux m’empêcher d’avoir
A cause de signes et de mots chaque soir
Les prairies printanières verdies
Qui me transportent au travers le l’année
Etalent leur espoir comme les douces mélodies de Verdi
Qui nous parviennent dans l’obscurité
Englobant notre côtoiement distant
Nous avions déambulé longtemps
Dans le labyrinthe des barbelés
Electrisant ce moment douloureux
Qui me ferait rire un peu plus tard dans le temps
De part son ironie et son pathétique laid
Tournoyant sans cesse jusqu’au plein creux
Nous avions envie de vomir
Notre souffrance et notre fatigue
De poursuivre le couple de nos rêves
Qui nous distanciait de plus en plus, là-bas devant au loin
J’avais envie d’en finir
Avec cet écart, cette chasse, cette intrigue
J’entendais sans vraiment écouter avec soin
Préoccupée de rattraper l’objet du pêché d’Eve
Dans le labyrinthe des barbelés
Il y a des cœurs ironiques
Qui nous cinglent de façon inique
De leurs pics de fer éhontés »
Grand Cœur Malade.
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"L'amour a ses saisons que la raison ignore"

Lunatiques humeurs
Moody Moons
Sucé-sur-Erdre Summer 2010 by Louise
Un rayon de soleil
S’était posé sur mon oreille
Pendant mon sommeil
Telle une tendre caresse
Tournicotant autour de mes tresses
En descente vertigineuse
Vers une poitrine pieuse
Un rayon de soleil
Chaleureux se fraye
Un chemin jusqu’à mon oreille
Pour que je l’écoute pareille
Au son de la pluie
La lueur sonore ensoleillée qui luit
Je vivais le moment présent et déjà j’écrivais au passé
Etrange distanciation et distraction temporelle
Envahissait mes sens corporels
D’un trop plein bien assez.
*
Giu, chapelier sous la pluie avec son parapluie rouge
 Mais c’est qu’il pleut sans discontinuer
Sur cette ville délabrée
Sur ces corps massacrés
Sur cette cité fragilisée
Sur cette chambre rangée
Sur mon être effondré

Mais c’est qu’il pleut sans arrêt
Le son de la pluie tout près
Martèle la vitre et le cyprès
La tristesse se dessine à la craie
Sur un macadam aux traits
Tirés et sur un visage il paraît
Gris de pâleur et secret

Mais c'est qu'il lui plut de demander
"Pleut-il?"
Mais c'est que l'autre n'entendit pas et rétorqua
"Plait-il?"
Mais c'est que le son pluvieux le rendait sourd
A toute déclaration d'amour


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Le Pari de l'Oubli

Tous ces gens me confusent
Trop de gens dans ce temple des Muses
Ce sanctuaire sacré appelé musée
Où les œuvres me laissent médusée
De béatitude face à tant de génie
Concentré dans la seule ville de Paris
Trop de mépris donc je n’ai pas ri
Mais un réconfort dans ces cafés
En terrasse où volent les odeurs fées
A Montparnasse où les embruns urbains se confusent
Les rapides descendent ; les lents vivent en décalage
Les potagers donnent et de tant donner s’usent
Quelque soit la fleur de leur âge
Ils ne se soucient pas du fuseau horaire
A leur rythme dans le bitume
D’une sombre clairière
Je t’oublies, je te tue
Me forçant à admirer les arts éparses
A ne pas te haïr sur un champ de Mars
Les blagues arrivent au seuil du printemps
Naissent les feuilles, s’écoule le temps
L’on rit sincèrement et pourtant
Dans mon songe pas de mensonges sulfuriques
En réalité, de vérité je te prive
Les bagues se noient sur le bord des rives
D’une Seine hystérique ; d’une scène historique
Et aux creux de Paris
J’ai réussi, j’ai ri
J’ai ri de joie et j’ai pleuré de toi
J’ai ri de toi et j’ai pleuré de joie
Tu ne me méritais pas
Tant pis pour toi
Je pêcherais dans mon filet
D’autres poissons qui ne seront pas d’Avril
Mais qui sauront voir sous mes épurés cils
L’imperfection de ma beauté masquée
Je pêcherais dans mon filet
Une flopée de pêchés acidulés
Pas de faux-filet ni de prises jonchés de haies
Comme tu l’étais
Pour arriver jusqu’à toi c’était un parcours de combattant
Attendant comme un con battant
Mon cœur ne cessait de battre à ta porte
Je te lançais des fleurs pour te réveiller
Tu me lançais des pierres pour me lapider
Mon sort était joué, j’étais morte
Je ressuscitais tel un phénix
Survolant les houles du Styx
Ayant l’Enfer doré comme escorte
Pour cette traversée pleine d’obstacles
Je franchissais par miracle
Dans l’obscure demeure de Nyx les célestes haies
J’arrivais en un lieu sans tangage
Où lui et le temps s’engage malgré notre jeune âge
Où apaisée, je réussi à sentir : je ne te hais
Point.
                                                                                                    2 octobre 2010

Paris Février 2009
 


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Prendre le large

I'm going to
leave
I'm going to
breath on Himalaya's mountains
I'm going to
please my will
I'm going to
live!
I'm going to
cry
I'm going to
sigh
I'm going to
try
I'm going to
fly!




"Gonna take her away from home... Gonna take her for a ride on a big jet plane..."
(Angus and Julia Stone)
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jeudi 11 novembre 2010

L'homme qui voulait vivre sa vie

Y a beaucoup trop de "pourquoi" et pas assez de "parce que". Jour de Doute de Grand Corps Malade.
Sauf qu’ici, il n’y a pas de parce que et c’est tout. Ce n’est pas un problème car les réponses n’importent pas. On s’en fiche au fond de savoir pourquoi. Le suspens nous tenaille, les interrogations persistent et c’est ce qui nous maintient dans la poursuite d’un objectif. C’est ce qui nous maintient en vie. Comme lorsqu’un désir est plus passionnant que son assouvissement. Comme lorsque le temps de la séduction est plus distrayant que celui de l’obtention. Les mots ne posent pas les questions car il y a peu de dialogue. Les images donnent les réponses parfois en totalité parfois en partie parfois pas du tout. Un regard dans un rétroviseur ou deux visages qui regardent droit devant puis se tournent l’un en face de l’autre. Tout est dans le regard et l’expression des belles formes d’un visage que l’on capture. L’instant précis compte. Celui que l’on vit maintenant, assis au bord de l’eau, au bord de la vie, au bord de la mort, dans l’attente de partir, de bouger, de mourir. La musique convient parfaitement à cette ambiance inquiétante mais sereine, déprimante mais reposante. Elle nous berce, nous envahit, nous percute. Comme les images qui nous choquent tant par leur dureté que par leur douceur la seconde d’après. Les plans s’enchaînent, se ressemblent dans leur unicité. L’atmosphère parvient à rester la même du début à la fin et malgré la lenteur des mouvements, on ne s’ennuie pas. A la fin, on a oublié le début d’une vie dans un autre monde. Celui de l’oppression où les faux semblants et la superficialité abondaient. Il y a eu cette rupture linéaire, celle de la route, de la longue route. Des larmes à l’intérieur d’un corps contenu qui finalement explosera comme un voilier au large d’une île rocailleuse et déserte comme l’âme, dans la lueur incandescente d’un paysage noirci par la mer, la nuit et le ciel. Et Dieu qui essaye de traverser les cieux pour venir jusqu’à nous mais qu’y n’y arrive pas, ou que partiellement. Les flashs ininterrompus en boucle dans notre tête ivre et floue. Ça tourne, ça tourne, ça tourne, encore et encore. Ça tourne pas rond mais ça tourne. Jusqu’à finalement se lâcher dans les profondeurs abyssales de l’inconnu. L’inconnu de ce que va être un avenir caché. On agit vite car l’on est paniqué et on ne pense qu’au futur proche mais bientôt il sera devenu passé et on se sait pas quelle est la suite car elle est impossible à imaginer. Impossibilité de revenir en arrière mais d’aller de l’avant. On se trouve dans une zone de transition sans fluctuation, sans transition possible. On se trouve dans un no man’s land. Il faut « partir et vivre ou rester et mourir ». Mais ici, c’est rester et mourir ou partir et mourir. Survivre dans la fuite éternelle d’un acte qui ne nous ressemble pas, accidentel. Fuir notre misérable condition. Fuir l’affrontement. Et pourtant combien de courage pour affronter la solitude et les contorsions corporelles qui brûlent en nous ! Impossibilité d’être reconnu pour un travail artistique dans lequel on a mis nos tripes et notre cœur. Tous ces sentiments en nous qui font mal. Toute cette émotion de voir afficher notre souffrance encadrée de noir sur des murs si blancs, dans une salle qui nous ait réservée. Une mise en abîme d’un travail photographique sublime dans un autre travail photo-cinématographique superbe. Une mise en abîme du travail de l’artiste qui souffre et qui trouve son refuge dans le déclic, dans l’observation des autres, dans le contact avec la beauté, dans l’art. Le destin et le parcours d’un homme qui voulait vivre sa vie, mais ce n’était juste pas celle que la société avait décidé pour lui, ce n’était pas celle à laquelle on s’attendait, ce n’était juste pas celle en laquelle il croyait. L’homme qui voulait se lancer dans l’aventure, qui hésitait, qui n’y arrivait pas vraiment, qui n’osait peut-être pas. Il a du faire des sacrifices mais s’est finalement épanoui dans le martyr. Un homme déchiré et un portrait psychologique bouleversant sur fond de thème philosophique concernant la conscience morale et la conscience de soi, sur la confusion de l’identité. Voler celle d’un autre pour se trouver ? Ne pas se réaliser sans autrui ? L’homme libre est-il forcément et toujours seul ? Prendre la place d’un autre et se laisser mourir. Mentir à tous à commencer par soi-même. Ne plus être soi même mais ne pas vraiment être un autre qui a finalement disparu lui aussi. De l’action brute et âpre, des moments poignants et des souvenirs cinglants. Des souvenirs qui hantent puis qui partent en fumée dans la rondeur du soleil couchant. Mais la fumée laisse des traces dans les poumons. Les cendres finissent toujours par retomber et s’éparpiller en mille morceaux de miroir brisé dans le corps stigmatisé. On n’accepte plus notre propre image alors on cherche celle des autres. On décrit, on peint, on devine, on découvre des portraits car on se cherche en eux, on cherche notre véritable reflet dans le mélange des mensonges. On essaye de se laver de ses pêchés, de se purifier, de se plonger dans l’oubli mais l’on n’y parvient.
Ici les raisons ne sont pas importantes car ce sont les passions et les douleurs qui l’emportent, car ce sont les images et les sons, les impressions et les chocs, les pensées philosophiques qui émergent au dessus de l’horizon océanique. J’aurais d’ailleurs aimé vous expliquer tout cela sans dire « car », sans vous donner de raison avec des mots mais je n’ai pas le génie d’un cinéaste pour le transmettre seulement grâce à un film, grâce à des techniques de réalisation cinématographique subtiles, grâce au pouvoir des images. Je n’ai pas pleuré car tout est en retenu dans ce film, j’aurais pu mais la contenance a été plus forte. Tout est en retenu sauf sa beauté. A voir de vos propres yeux, à frissonner de vos propres peaux, à expérimenter de vos propres chairs, à sentir de vos propres cœurs. Quant à moi, je m’empresse de partir, le plus loin possible, de tout quitter, en solitaire et d’aller photographier de lointaines contrées qui n’attendent que moi et mon objectif (à moins que ce ne soit celui-là mon objectif), ou mon carnet et ma plume…




(Photos tirées du film d'Eric Lartigau avec Romain Duris <3)

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lundi 8 novembre 2010

Mon état en cours...

Je suis un minitel qui bug. Déconnection.
J’étais comme dans une bulle. Mon cerveau s’était complètement déconnecté, je n’entendais plus qu’un fond sonore strident désagréable et des voix qui baissaient et remontaient sans cesse. De vraies montagnes russes vocales et aigues. Mes oreilles s’étaient obstruées pour ne plus rien laisser passer. Ma tête était à la fois pleine de milliers de pensées qui s’entrechoquaient comme des auto-tamponneuses, et vide. Désespérément vide. Plus rien ni ne sortait ni ne pénétrait. Le nuage de flou autour de mes yeux s’épaississait. Je ne savais plus ce que je faisais. J’avais seulement conscience de ce crayon qui tournoyait inlassablement sur mon doigt. La légère douleur du frottement me maintenait en vie. J’étais endormie les yeux ouverts. Je ne voyais plus le bout de la fin et y arriver me semblait plus insurmontable qu’escalader l’Everest. Ce n’était pas tant le sommeil qui s’abattait sur mes paupières mais l’ataraxie totale. La concentration m’était totalement inaccessible et inconnue. Je ne pouvais pas, physiquement, écouter et comprendre ce qui se disait. Mon esprit et mes idées fugaces avaient fui la réalité, fui la consistance de la matière et de la représentation, fui mon corps et fui le cours, tout fui dans un espace non identifié, sans nom, intersidéral, vague, flottant dans l’air. J’avais envie de plonger mon corps dans un liquide ou dans le vide. J’avais envie de soudain m’envoler de ma chaise et de flotter. J’avais envie de sauter. J’avais envie de faire le premier pas. J’avais besoin de m’échapper en n’ayant plus conscience de mon corps et de mon esprit. Je ne comprenais plus rien à ce qui se passait. Et une pensée m’obsédait pourtant : il ne se passait rien. J’étais passive. Tout passait sans revenir. Tout me traversait sans me heurter. Rien de palpitant ne se passait sur tous les plans. Je ne pouvais rien faire qui arrangeasses ou changeasses quoi que ce soit. Rien ne changeait, tout restait du pareil au même. C’était d’une tristesse lassante. Et même lorsque je croyais qu’il y avait du nouveau, un peu de rebondissement, il s’estompait vite en brume. Je ne fixais pas le vide mais mon regard s’échappait. Et une pensée m’obsédait cependant : le fatalisme, l’impossibilité. L’idée du trop-tard cheminait. L’idée de l’obsession aboutissait, explorant chaque méandre obscur.
                                                                                                                               24 Septembre 2010
 Une ombre
                                                                Dans la lune
                                                                 Dans les airs
                                                                 Dans la neige virtuelle
                                                                                             En cours

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mercredi 27 octobre 2010

Je vois la vie en rose...





Paris Février 2009 Père Lachaise
Sur les champs Elysées
Et dans le cimetière des âmes esseulés
Nous nous promenions joyeusement
Dans cette ambiance mystérieuse
Et mystique et inquiétante
Que procure la connaissance de ces disparus
Autour de nous
Nous avions repérés une douce étrangeté
Sur le sol automnal parsemé de feuilles
Et de branches craquelés annonçant
Le froid hivernal qui déjà emplissait mes mains gelés
Mais réchauffés par un chocolat chaud chez le psychiatre
De la tendre et réconfortante amitié
Une lumière rougeâtre se détachant de la morosité
Avait attaché notre regard et l’objectif de notre appareil photo
Qui instantanisait ces moments pour l’éternité
Quelques fausses roses étaient posées là
Ni plus ni moins sans rien demander à personne
A part peut-être « pourquoi sommes nous donc là ? »
Question universelle que ces fausses roses
Nous montraient dans l’illusion de leur réalité
Elles semblaient si vraies !
Je les oubliais vite ces éphémères sans tige
Et ce ne fut que quelques jours plus tard
A l’aéroport, lieu de tous les au revoir
J’étais alors sur le départ
Lorsque mon amie me serrant dans ses bras
Déposa dans la poche de mon manteau
Une de ces roses de velours
A la couleur rosée comme la matinée
Evoquant tout son amour
A mon égard
L’émotion fut plus encore vive
Je voulais étendre le temps
Et transformer la seconde pressante en heure tardive
Malheureusement, dans mon étourderie la plus inconséquente
Je perdis cette rose que j’aurais voulu garder à tout jamais
Au creux de ma poche
Mais que je garde en moi au fond de mon cœur


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jeudi 14 octobre 2010

Petits bouts de papiers

Je ne me souviens plus
J’ai oublié ce que j’avais écrit
Sur ces petits bouts de papiers
Posés, rangés secrètement
Dans un écrin noir de velours rouge
Cachés précieusement
Confinés ils ne bougent
Sur ces petits bouts de papiers
J’avais inscrit une phrase
Un bout de phrase recopié
Rapidement comme ça passe
Comme ça par mes pensées
Marqués au feutre noirci
Entourés de l’infini
Ces mots et ces lettres
N’étaient pas sans évoquer
Un profond et angoissant mal-être
Selon mon vague souvenir
Car je ne sais plus du tout
Ce que j’ai bien pu écrire
Des bouts de moi égarés partout
Comme mon cœur brisé
En mille morceaux
De moi-même je suis la risée
Qu’est-ce que j’ai pu être sot
Ces petits bouts de papiers
Comme des confettis éparpillées
Avaient autrefois formé un tout homogène
Avant d’être avec colère déchirés
Ensemble, ces petits bouts de papiers
Etaient unis et signifiaient quelque chose
Qui rendaient mes humeurs lacrymogènes
Séparés, ils étaient dans la solitude qui s’impose
De ma main je les tortillais
Les touchais, les manipulais, les faisant tomber
Virevolter comme la pluie
Qui s’abat pour éteindre le brasier
Ces petits bouts de papiers
Qui ne voulaient plus rien dire
Ils ne s’exprimaient plus
A part pour laisser comprendre un malentendu
Un puzzle s’était formé pire
Impossible de le reconstituer
Sur ces petits bouts de mouchoirs
J’avais déposé mes larmes
Que j’avais jeté dans la corbeille
Pour ensuite sourire à m’endolorir la mâchoire
Je manquais du vital sommeil, de l’énergisant soleil
Sur ces petits bouts de mouchoirs
Ces doux tissus plein de tristesse
J’avais laissé mes larmes choir
Et couler en criantes caresses
Je m’étais battue seul avec peu d’armes
J’avais perdu une bataille sans l’avoir faite
Et dans ce geste de désinvolture insatisfaite
Je jetais tout cela dans la poubelle
Du passé. J’étais libre enfin d’être rebelle
Et en corps et encore
De mettre tout à la trappe et de supprimer pour toujours
Ce douloureux amour qui me rattrape.


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dimanche 10 octobre 2010

Une cassette gravée, quelques musiques, un dimanche...

Dis-moi, pourquoi la beauté est-elle toujours si déprimante?
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Un vendredi de septembre

Un vendredi de septembre, le vent avait décidé de se promener
Parmi les feuilles et d’imiter le son de la pluie.
Toi, tu avais décidé de ne pas être avec moi.
Moi, j’avais résolu ne plus me soucier de lui.
Mais contrôler cela n’étais pas chose aisée.
Un vendredi de septembre, j’étais triste de constater
Que nous nous éloignions à grands pas
Sans que je puisse vraiment y faire quoi que ce soit.
Un vendredi de septembre,
La pluie s’abattait dans ma chambre
En noir et blanc et laissait couler la solitude sur la fenêtre.
Un vendredi de septembre, le soir s’annonçait morose
Je n’avais toujours rien reçu dans ma boîte aux lettres
J’attendais en vain jusqu’à ce que mon cœur se nécrose.
Attendant, mes pensées s’échappaient et ma concentration divaguait
Perdant le fil du rivage dans la houle dérivant
Sans m’en apercevoir je restais en apnée
Et me réveillai soudainement de mon éveil inconscient
En inspirant profondément dans ma respiration s’asphyxiant
Mon torse était resté comme entravé.
Au dehors de ce monde parallèle,
De toutes ces bulles hermétiques que rien ne venait perturber,
Derrière les murs frêles et les fragiles voyelles,
Se distinguaient un préambule sonore de mon âme esseulée
Des cris et des rires, des somnolences dianthes
Des chants et du silence qui approchent
Du vent et des feuilles mâchées, broyées, tournoyantes
Frôlant le sol âpre, constituaient les sons les plus proches.
Le crissement de mes illusions était bien silencieux en comparaison.
La fatigue se mêlait à la paresse
La découverte se mélangeait à la monotone tristesse
L’excitation se brouillait avec la lassitude pieuse
Les sourires s’entrecoupaient de mines boudeuses
Les soupirs s’enchaînaient avec les rires amants
Les étirements se complétaient de tiraillements
Les incertitudes disparaissaient dans le gouffre des platitudes
Le ressentiment se matérialisait ; je devais l’empêcher
Sinon il pouvait affaiblir mes pétales qui se fanent
Le sentiment est mensonger : il ment et nous laisse songer
Songeuse, j’ai la pêche et le sourire en banane
Au son délicieux de ce silence
Puis trente secondes après je me noie dans les eaux troubles du pécheur
J’ai toujours la banane mais dans l’autre sens.
Tout va bien et on ne s’explique pas pourquoi tout va mal.
Rien n’est précis et tout demeure inexplicable.
Pourtant continue de tuer le temps
Qui passe et reste par 
Un vendredi de septembre sans délivrance,
Qui n’est pas vraiment une fin.
Ce n’est que le début de la souffrance,
Si loin des séraphins.
Un vendredi de septembre plein de joie et de crise de foie.
Un vendredi de septembre vide de toi et de crise de foi.
Car je crois toujours pour ne pas être rabat-joie
Et abat-jour qui ne se laisse pas abattre et ne fait point demi-tour
Laisse la lumière pénétrer sans être court-circuitée
Car croire va de paire avec espérer
Si espérer fait vivre, croire fait survivre et avancer et toi tu me rends ivre
Je me saoule toute seule et je chancèle.
Tu me saoules et je perds la chance qui s’envole en prenant ses ailes.
Elle est chanceuse ; moi je bats de l’aile.
Je me balance entre douleur lancinante
Et danse heureuse d’un bal animé,
Entre nostalgie de l’an si loin à Nantes
Et transe savoureuse d’un mal aimé.
Sur l’horizon vertical que je vois depuis les barreaux de ma prison
Depuis les bateaux de ma maison
Mais qui y arrive si ce n’est mon sauveur Octobre ?
Tu me délivreras de l’opprobre
Et m’apporteras le froid anesthésiant mes plaies
Puisqu’à défaut je suis laid et ne lui plais
J’irais me distancier de tout état d’ébriété
De toute folie passionnée et d’obsession mêlée
Et je resterais pleine de jolie mélancolie
Dans cette cacophonie ambiante qu’est le monde
J’ai les oreilles obstruées donc ne me parviennent plus les ondes
Et je resterais humble et sobre
En ce vendredi de septembre et ce prochain mois d’Octobre.

                                                                               25 septembre 2010

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Au bout des doigts

T’as des ressorts au bout des doigts
Tu ne peux t’empêcher de quitter ton toit
Parfois tu oublie de ne pas m’oublier
Moi je me souviens que nous sommes de modernes fées

T’as des ressorts au bout des doigts
Je ne peux me passer de toi
Mais tu disparais en te propulsant dans les étoiles
Sur tes ressorts de sorcière cachée sous ton voile

Mais je devine ton secret
Car je suis le tien
Bleu et unique est ton ensorcellement qui paraît
Aussi dynamique et profond que notre lien

T’as des ressorts au bout des doigts
On se motive avec des lumières et des mots
Je suis ta reine ; tu es mon roi

T’as des ressorts au bout des doigts
On fonce tout droit
Ou pas à pas
Toujours ensemble quelque soit la distance qu’il y a.

                                                                                                     28 Septembre 2009
                                            "Ce rêve bleu... je n'y crois pas... c'est merveilleux..." (8)
                                                       Dans l'irréalité bleue d'un rêve éveillé
Silhouette et (s)Ombre dans le flot orangé et rouge d'une lumière lampadérique
                                                   Nous avançons, nous courrons vers la liberté

                                                       La puissance et la confiance s'installent
                                                       Face au monde qui tourne sur lui-même
                                                       Nous tournons nous aussi sans cesse
                                                       Et nous gardons l'équilibre, les pieds joints

                                                                              Amour <3
                                                        Sucé-sur-Erdre - Ete 2010
                                               Et c'est dans ce tableau classique de Turner
                                               Où les couleurs et le moment nous échappent
                                               Où nous sommes la moderne féérie
                                               Et la lumière de toutes nos idées, de tous nos projets
                                               Et la lumière de tout un peuple en perdition
                                               C'est dans ce tableau que l'on se perd
                                               Pour mieux se retrouver l'une et l'autre
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Ô rage!

De toute façon, à chaque fois qu’il pleut, mon ascenseur ne marche plus. CQFD.
Cette nuit, un violent orage a éclaté au dessus de nos têtes. Alors que je dormais, je ne sais ce qui m’a le plus réveillé : les images ou le bruit. Le ciel était orangé comme le feu, parsemé d’un marron ensanglanté. Je le voyais depuis mon lit, dans un petit carré de velux. Et lorsque par pareille tempête, l’on dort sous un velux, les trombes d’eau s’abattent sur la vitre comme si elles s’abattaient sur nous. On a l’impression que le ciel va nous tomber sur la tête, ce qu’il est en réalité en train de faire. La répétition du bruit des gouttes d’eau qui tombe martèle la tête. Les tirs vont croissant par petites périodes saccadées comme une mitraillette qui tire sans cesse. Les éclairs qui jaillissent dans le ciel font le bruit d’une machine à pop-corn. Un bruit effrayant qui nous rappelle que l’apocalypse pourrait bien se jouer à ce moment-là même. Le tonnerre est effroyable, il glace le sang. Les flashs illuminaient ma chambre par passade comme en plein jour, révélant ainsi les détails lugubres de ce qui était dans le noir, un peu comme l’aurait fait un appareil photo avec son flash ou une machine à rayon X. Je suis alors descendue pour avoir une vue plus large du ciel, une vue panoramique, voir ce qui se passait. Le ciel était gris, un gris presque noir, intense, lourd et profond. Il n’y avait pas de nuage à proprement parler mais le ciel semblait être un seul et même nuage titanesque qui avait décidé d’exploser cette nuit-là. Tout déferlait sur la terre, tout le vent, les foudres et la pluie diluvienne nettoyaient l’immensité céleste de ses impuretés, de son trop plein. L’air était chargé d’humidité bien sûr. L’air était opaque, oppressant. Des milliers de petites particules blanches formaient un peu de brouillard mouillé. Les lumières de la ville tentaient de percer, d’éclairer, de montrer leur existence, en vain. Leur lumière était trop faible, trop floue. Mais les couleurs grises, noires et jaunes formaient un tableau différent, étrangement inquiétant, presque laid. Je repartais me coucher pour lire, n’arrivant pas à dormir, il y avait trop de bruit. Je finissais de lire le Gorgias de Platon à 5h30 du matin. Puis me rendormais quand cela s’était un peu apaisé. Au réveil, une heure et demi après, le ciel commençait à se dégager. Les nuées s’estompaient peu à peu. Des lueurs rosées donnaient au tout un ensemble original. Plus tard ce jour-là, dans l’après-midi, le soleil était au sommet de son art et le ciel n’avait jamais été autant bleu azur. Plus que jamais la journée était belle et dégagée de tous soucis. La clarté, la netteté des couleurs, l’affirmation positive de leur existence s’opposaient radicalement à mes sentiments confus et négatifs.  Après l’apocalypse nocturne, la beauté ensoleillée diurne. 
                                                                                                                    Nuit du 7 au 8 Septembre 2010
« Qu’on me loue enfin ce tombeau, blanchi à la chaux avec les lignes du ciment en relief- très loin sous terre.
Je m’accoude à la table, la lampe éclaire très vivement ces journaux que je suis idiot de relire, ces livres sans intérêt.
A une distance énorme au-dessus de mon salon sous-terrain, les maisons s’implantent, les brumes s’assemblent. La boue est rouge et noire. Ville monstrueuse, nuit sans fin !
Moins haut, sont des égouts. Aux côtés, rien que l’épaisseur du globe. Peut-être les gouffres d’azur, des puits de feu. C’est peut-être sur ces plans que se rencontrent lunes et comètes, mers et fables.
Aux heures d’amertume je m’imagine des boules de saphir, de métal. Je suis maître du silence. Pourquoi une apparence de soupirail blêmirait-elle au coin de la voûte ? »
(V d’Enfance d’Illuminations de Rimbaud)
                                                                        Nice 2009


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Je l’avais enfin trouvé
Le bon Jules, le bon Roméo
Le parfait équilibre, la parfaite météo
Pas d’aveuglement solaire éprouvé
Ni de nuages ni d’orage
Ni d’éclair ravageur à notre âge
Que de la foudre et de l’électricité statique
Suspension d’une passion fantastique
Pas encore consumée
Pas encore gâchée
Dans l’attente acrobatique
Nous nous envoyions
Des messages subliminaux
A travers nos petits mots
Sur des petits papiers froissés
Se déposaient entre les lignes l’ineffable
La honteuse et pudique vérité
Sur des petits papiers déchirés
Qui passaient de mains en mains sous les tables
Studieux élèves qui étions dans nos bulles
Sans écouter le cours ou le professeur
J’avais trouvé le bon Roméo, le bon Jules
Et j’écoutais ce qu’il écrivait
Et je buvais ses mots charmeurs
Dont je constituais un carnet à mon chevet
Souriant puis ne souriant plus alternativement
Les masques tombaient et revenaient expressément
Les fleurs tombaient et revenaient quotidiennement
Les couleurs vives surprenaient
Et la vie enfantine de la cour de récré
Me réjouissait
Grâce au sentiment d’équilibre vacillant
Car tout ne tournait pas rond
Même au son des violets violons
Je l’avais enfin trouvé
Le bon Jules, le bon Roméo
Il avait la peau roussie, brûlée par le soleil
Une peau douce et brune à cause de la lune
Qui donnait envie de la toucher du bout des doigts
De se coucher tout contre et de se laisser bercer par le sommeil
Une peau qui semblait sans cesse en émoi
Portant la marque de la chair d’ampoule et du frisson
Pour lui j’avais froid ; grâce à lui j’avais chaud
Je fondais en sa présence comme un glaçon
Il avait le cœur sur la main et un cœur d’artichaut
Je prenais donc sa main et son cœur
Pour notre plus grand bonheur

6 octobre 2010



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Notes musicales

Là-bas, ils s’amusent
Sol d’ici, espoir s’use.
Dos se tord de douleur
Si aucune harmonie ne s’accorde.
-          Bémol toin savouin, dis le paysan
-          Dit aise
Rétorque le bourgeois
Farine manque en ces temps de famine
Mine le moral des troupes
Ces doigtés fragiles et solidaires
En ces octaves octobreuses
Aux notes sottes et belliqueuses
Sol et fa intrus de la rue
Mi-si-l’ dangereux
Doré éblouissant.
9 janvier 2009

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