mercredi 27 octobre 2010

Je vois la vie en rose...





Paris Février 2009 Père Lachaise
Sur les champs Elysées
Et dans le cimetière des âmes esseulés
Nous nous promenions joyeusement
Dans cette ambiance mystérieuse
Et mystique et inquiétante
Que procure la connaissance de ces disparus
Autour de nous
Nous avions repérés une douce étrangeté
Sur le sol automnal parsemé de feuilles
Et de branches craquelés annonçant
Le froid hivernal qui déjà emplissait mes mains gelés
Mais réchauffés par un chocolat chaud chez le psychiatre
De la tendre et réconfortante amitié
Une lumière rougeâtre se détachant de la morosité
Avait attaché notre regard et l’objectif de notre appareil photo
Qui instantanisait ces moments pour l’éternité
Quelques fausses roses étaient posées là
Ni plus ni moins sans rien demander à personne
A part peut-être « pourquoi sommes nous donc là ? »
Question universelle que ces fausses roses
Nous montraient dans l’illusion de leur réalité
Elles semblaient si vraies !
Je les oubliais vite ces éphémères sans tige
Et ce ne fut que quelques jours plus tard
A l’aéroport, lieu de tous les au revoir
J’étais alors sur le départ
Lorsque mon amie me serrant dans ses bras
Déposa dans la poche de mon manteau
Une de ces roses de velours
A la couleur rosée comme la matinée
Evoquant tout son amour
A mon égard
L’émotion fut plus encore vive
Je voulais étendre le temps
Et transformer la seconde pressante en heure tardive
Malheureusement, dans mon étourderie la plus inconséquente
Je perdis cette rose que j’aurais voulu garder à tout jamais
Au creux de ma poche
Mais que je garde en moi au fond de mon cœur


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jeudi 14 octobre 2010

Petits bouts de papiers

Je ne me souviens plus
J’ai oublié ce que j’avais écrit
Sur ces petits bouts de papiers
Posés, rangés secrètement
Dans un écrin noir de velours rouge
Cachés précieusement
Confinés ils ne bougent
Sur ces petits bouts de papiers
J’avais inscrit une phrase
Un bout de phrase recopié
Rapidement comme ça passe
Comme ça par mes pensées
Marqués au feutre noirci
Entourés de l’infini
Ces mots et ces lettres
N’étaient pas sans évoquer
Un profond et angoissant mal-être
Selon mon vague souvenir
Car je ne sais plus du tout
Ce que j’ai bien pu écrire
Des bouts de moi égarés partout
Comme mon cœur brisé
En mille morceaux
De moi-même je suis la risée
Qu’est-ce que j’ai pu être sot
Ces petits bouts de papiers
Comme des confettis éparpillées
Avaient autrefois formé un tout homogène
Avant d’être avec colère déchirés
Ensemble, ces petits bouts de papiers
Etaient unis et signifiaient quelque chose
Qui rendaient mes humeurs lacrymogènes
Séparés, ils étaient dans la solitude qui s’impose
De ma main je les tortillais
Les touchais, les manipulais, les faisant tomber
Virevolter comme la pluie
Qui s’abat pour éteindre le brasier
Ces petits bouts de papiers
Qui ne voulaient plus rien dire
Ils ne s’exprimaient plus
A part pour laisser comprendre un malentendu
Un puzzle s’était formé pire
Impossible de le reconstituer
Sur ces petits bouts de mouchoirs
J’avais déposé mes larmes
Que j’avais jeté dans la corbeille
Pour ensuite sourire à m’endolorir la mâchoire
Je manquais du vital sommeil, de l’énergisant soleil
Sur ces petits bouts de mouchoirs
Ces doux tissus plein de tristesse
J’avais laissé mes larmes choir
Et couler en criantes caresses
Je m’étais battue seul avec peu d’armes
J’avais perdu une bataille sans l’avoir faite
Et dans ce geste de désinvolture insatisfaite
Je jetais tout cela dans la poubelle
Du passé. J’étais libre enfin d’être rebelle
Et en corps et encore
De mettre tout à la trappe et de supprimer pour toujours
Ce douloureux amour qui me rattrape.


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dimanche 10 octobre 2010

Une cassette gravée, quelques musiques, un dimanche...

Dis-moi, pourquoi la beauté est-elle toujours si déprimante?
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Un vendredi de septembre

Un vendredi de septembre, le vent avait décidé de se promener
Parmi les feuilles et d’imiter le son de la pluie.
Toi, tu avais décidé de ne pas être avec moi.
Moi, j’avais résolu ne plus me soucier de lui.
Mais contrôler cela n’étais pas chose aisée.
Un vendredi de septembre, j’étais triste de constater
Que nous nous éloignions à grands pas
Sans que je puisse vraiment y faire quoi que ce soit.
Un vendredi de septembre,
La pluie s’abattait dans ma chambre
En noir et blanc et laissait couler la solitude sur la fenêtre.
Un vendredi de septembre, le soir s’annonçait morose
Je n’avais toujours rien reçu dans ma boîte aux lettres
J’attendais en vain jusqu’à ce que mon cœur se nécrose.
Attendant, mes pensées s’échappaient et ma concentration divaguait
Perdant le fil du rivage dans la houle dérivant
Sans m’en apercevoir je restais en apnée
Et me réveillai soudainement de mon éveil inconscient
En inspirant profondément dans ma respiration s’asphyxiant
Mon torse était resté comme entravé.
Au dehors de ce monde parallèle,
De toutes ces bulles hermétiques que rien ne venait perturber,
Derrière les murs frêles et les fragiles voyelles,
Se distinguaient un préambule sonore de mon âme esseulée
Des cris et des rires, des somnolences dianthes
Des chants et du silence qui approchent
Du vent et des feuilles mâchées, broyées, tournoyantes
Frôlant le sol âpre, constituaient les sons les plus proches.
Le crissement de mes illusions était bien silencieux en comparaison.
La fatigue se mêlait à la paresse
La découverte se mélangeait à la monotone tristesse
L’excitation se brouillait avec la lassitude pieuse
Les sourires s’entrecoupaient de mines boudeuses
Les soupirs s’enchaînaient avec les rires amants
Les étirements se complétaient de tiraillements
Les incertitudes disparaissaient dans le gouffre des platitudes
Le ressentiment se matérialisait ; je devais l’empêcher
Sinon il pouvait affaiblir mes pétales qui se fanent
Le sentiment est mensonger : il ment et nous laisse songer
Songeuse, j’ai la pêche et le sourire en banane
Au son délicieux de ce silence
Puis trente secondes après je me noie dans les eaux troubles du pécheur
J’ai toujours la banane mais dans l’autre sens.
Tout va bien et on ne s’explique pas pourquoi tout va mal.
Rien n’est précis et tout demeure inexplicable.
Pourtant continue de tuer le temps
Qui passe et reste par 
Un vendredi de septembre sans délivrance,
Qui n’est pas vraiment une fin.
Ce n’est que le début de la souffrance,
Si loin des séraphins.
Un vendredi de septembre plein de joie et de crise de foie.
Un vendredi de septembre vide de toi et de crise de foi.
Car je crois toujours pour ne pas être rabat-joie
Et abat-jour qui ne se laisse pas abattre et ne fait point demi-tour
Laisse la lumière pénétrer sans être court-circuitée
Car croire va de paire avec espérer
Si espérer fait vivre, croire fait survivre et avancer et toi tu me rends ivre
Je me saoule toute seule et je chancèle.
Tu me saoules et je perds la chance qui s’envole en prenant ses ailes.
Elle est chanceuse ; moi je bats de l’aile.
Je me balance entre douleur lancinante
Et danse heureuse d’un bal animé,
Entre nostalgie de l’an si loin à Nantes
Et transe savoureuse d’un mal aimé.
Sur l’horizon vertical que je vois depuis les barreaux de ma prison
Depuis les bateaux de ma maison
Mais qui y arrive si ce n’est mon sauveur Octobre ?
Tu me délivreras de l’opprobre
Et m’apporteras le froid anesthésiant mes plaies
Puisqu’à défaut je suis laid et ne lui plais
J’irais me distancier de tout état d’ébriété
De toute folie passionnée et d’obsession mêlée
Et je resterais pleine de jolie mélancolie
Dans cette cacophonie ambiante qu’est le monde
J’ai les oreilles obstruées donc ne me parviennent plus les ondes
Et je resterais humble et sobre
En ce vendredi de septembre et ce prochain mois d’Octobre.

                                                                               25 septembre 2010

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Au bout des doigts

T’as des ressorts au bout des doigts
Tu ne peux t’empêcher de quitter ton toit
Parfois tu oublie de ne pas m’oublier
Moi je me souviens que nous sommes de modernes fées

T’as des ressorts au bout des doigts
Je ne peux me passer de toi
Mais tu disparais en te propulsant dans les étoiles
Sur tes ressorts de sorcière cachée sous ton voile

Mais je devine ton secret
Car je suis le tien
Bleu et unique est ton ensorcellement qui paraît
Aussi dynamique et profond que notre lien

T’as des ressorts au bout des doigts
On se motive avec des lumières et des mots
Je suis ta reine ; tu es mon roi

T’as des ressorts au bout des doigts
On fonce tout droit
Ou pas à pas
Toujours ensemble quelque soit la distance qu’il y a.

                                                                                                     28 Septembre 2009
                                            "Ce rêve bleu... je n'y crois pas... c'est merveilleux..." (8)
                                                       Dans l'irréalité bleue d'un rêve éveillé
Silhouette et (s)Ombre dans le flot orangé et rouge d'une lumière lampadérique
                                                   Nous avançons, nous courrons vers la liberté

                                                       La puissance et la confiance s'installent
                                                       Face au monde qui tourne sur lui-même
                                                       Nous tournons nous aussi sans cesse
                                                       Et nous gardons l'équilibre, les pieds joints

                                                                              Amour <3
                                                        Sucé-sur-Erdre - Ete 2010
                                               Et c'est dans ce tableau classique de Turner
                                               Où les couleurs et le moment nous échappent
                                               Où nous sommes la moderne féérie
                                               Et la lumière de toutes nos idées, de tous nos projets
                                               Et la lumière de tout un peuple en perdition
                                               C'est dans ce tableau que l'on se perd
                                               Pour mieux se retrouver l'une et l'autre
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Ô rage!

De toute façon, à chaque fois qu’il pleut, mon ascenseur ne marche plus. CQFD.
Cette nuit, un violent orage a éclaté au dessus de nos têtes. Alors que je dormais, je ne sais ce qui m’a le plus réveillé : les images ou le bruit. Le ciel était orangé comme le feu, parsemé d’un marron ensanglanté. Je le voyais depuis mon lit, dans un petit carré de velux. Et lorsque par pareille tempête, l’on dort sous un velux, les trombes d’eau s’abattent sur la vitre comme si elles s’abattaient sur nous. On a l’impression que le ciel va nous tomber sur la tête, ce qu’il est en réalité en train de faire. La répétition du bruit des gouttes d’eau qui tombe martèle la tête. Les tirs vont croissant par petites périodes saccadées comme une mitraillette qui tire sans cesse. Les éclairs qui jaillissent dans le ciel font le bruit d’une machine à pop-corn. Un bruit effrayant qui nous rappelle que l’apocalypse pourrait bien se jouer à ce moment-là même. Le tonnerre est effroyable, il glace le sang. Les flashs illuminaient ma chambre par passade comme en plein jour, révélant ainsi les détails lugubres de ce qui était dans le noir, un peu comme l’aurait fait un appareil photo avec son flash ou une machine à rayon X. Je suis alors descendue pour avoir une vue plus large du ciel, une vue panoramique, voir ce qui se passait. Le ciel était gris, un gris presque noir, intense, lourd et profond. Il n’y avait pas de nuage à proprement parler mais le ciel semblait être un seul et même nuage titanesque qui avait décidé d’exploser cette nuit-là. Tout déferlait sur la terre, tout le vent, les foudres et la pluie diluvienne nettoyaient l’immensité céleste de ses impuretés, de son trop plein. L’air était chargé d’humidité bien sûr. L’air était opaque, oppressant. Des milliers de petites particules blanches formaient un peu de brouillard mouillé. Les lumières de la ville tentaient de percer, d’éclairer, de montrer leur existence, en vain. Leur lumière était trop faible, trop floue. Mais les couleurs grises, noires et jaunes formaient un tableau différent, étrangement inquiétant, presque laid. Je repartais me coucher pour lire, n’arrivant pas à dormir, il y avait trop de bruit. Je finissais de lire le Gorgias de Platon à 5h30 du matin. Puis me rendormais quand cela s’était un peu apaisé. Au réveil, une heure et demi après, le ciel commençait à se dégager. Les nuées s’estompaient peu à peu. Des lueurs rosées donnaient au tout un ensemble original. Plus tard ce jour-là, dans l’après-midi, le soleil était au sommet de son art et le ciel n’avait jamais été autant bleu azur. Plus que jamais la journée était belle et dégagée de tous soucis. La clarté, la netteté des couleurs, l’affirmation positive de leur existence s’opposaient radicalement à mes sentiments confus et négatifs.  Après l’apocalypse nocturne, la beauté ensoleillée diurne. 
                                                                                                                    Nuit du 7 au 8 Septembre 2010
« Qu’on me loue enfin ce tombeau, blanchi à la chaux avec les lignes du ciment en relief- très loin sous terre.
Je m’accoude à la table, la lampe éclaire très vivement ces journaux que je suis idiot de relire, ces livres sans intérêt.
A une distance énorme au-dessus de mon salon sous-terrain, les maisons s’implantent, les brumes s’assemblent. La boue est rouge et noire. Ville monstrueuse, nuit sans fin !
Moins haut, sont des égouts. Aux côtés, rien que l’épaisseur du globe. Peut-être les gouffres d’azur, des puits de feu. C’est peut-être sur ces plans que se rencontrent lunes et comètes, mers et fables.
Aux heures d’amertume je m’imagine des boules de saphir, de métal. Je suis maître du silence. Pourquoi une apparence de soupirail blêmirait-elle au coin de la voûte ? »
(V d’Enfance d’Illuminations de Rimbaud)
                                                                        Nice 2009


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Je l’avais enfin trouvé
Le bon Jules, le bon Roméo
Le parfait équilibre, la parfaite météo
Pas d’aveuglement solaire éprouvé
Ni de nuages ni d’orage
Ni d’éclair ravageur à notre âge
Que de la foudre et de l’électricité statique
Suspension d’une passion fantastique
Pas encore consumée
Pas encore gâchée
Dans l’attente acrobatique
Nous nous envoyions
Des messages subliminaux
A travers nos petits mots
Sur des petits papiers froissés
Se déposaient entre les lignes l’ineffable
La honteuse et pudique vérité
Sur des petits papiers déchirés
Qui passaient de mains en mains sous les tables
Studieux élèves qui étions dans nos bulles
Sans écouter le cours ou le professeur
J’avais trouvé le bon Roméo, le bon Jules
Et j’écoutais ce qu’il écrivait
Et je buvais ses mots charmeurs
Dont je constituais un carnet à mon chevet
Souriant puis ne souriant plus alternativement
Les masques tombaient et revenaient expressément
Les fleurs tombaient et revenaient quotidiennement
Les couleurs vives surprenaient
Et la vie enfantine de la cour de récré
Me réjouissait
Grâce au sentiment d’équilibre vacillant
Car tout ne tournait pas rond
Même au son des violets violons
Je l’avais enfin trouvé
Le bon Jules, le bon Roméo
Il avait la peau roussie, brûlée par le soleil
Une peau douce et brune à cause de la lune
Qui donnait envie de la toucher du bout des doigts
De se coucher tout contre et de se laisser bercer par le sommeil
Une peau qui semblait sans cesse en émoi
Portant la marque de la chair d’ampoule et du frisson
Pour lui j’avais froid ; grâce à lui j’avais chaud
Je fondais en sa présence comme un glaçon
Il avait le cœur sur la main et un cœur d’artichaut
Je prenais donc sa main et son cœur
Pour notre plus grand bonheur

6 octobre 2010



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Notes musicales

Là-bas, ils s’amusent
Sol d’ici, espoir s’use.
Dos se tord de douleur
Si aucune harmonie ne s’accorde.
-          Bémol toin savouin, dis le paysan
-          Dit aise
Rétorque le bourgeois
Farine manque en ces temps de famine
Mine le moral des troupes
Ces doigtés fragiles et solidaires
En ces octaves octobreuses
Aux notes sottes et belliqueuses
Sol et fa intrus de la rue
Mi-si-l’ dangereux
Doré éblouissant.
9 janvier 2009

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Que le temps est long

Que le temps est long
Dénué de toute passion
Au son violeur des violons
Répondant à toute sorte de questions
Que l’espace est grand
Dans un murmure de champ
Où la main passe sur le blé
Où les épis se frottent avec légèreté
Où les épris s’effleurent avec liberté
Où les péris se meurent avec frivolité
Que le vide est douloureux
Doté d’acides dents, je re
Et jamais il ne revint
J’attendais en vain, bouteille en main

Que l’ignorance est cruelle
Suçant la vie à sa mamelle
Pire que languir
Pourrir
Que ses charmes sont doux
Me faisant oublier tout
Je viens d’où ?
Où vais-je et à quelle heure, sombre fou !
Que les sons s’évaporent
Comme l’absence en les ports
Mais jamais le manque ne trouve la mort
Renaissant sans cesse de ses cendres en sang

Que les bruits se confondent
Aux creux d’un dos nu
Dénué de toute vallée ou montagne
Où ne coule ni ne stagne
Ni ruisseau ni ondes
(Aux sus d’un sot cru)
Que les mélodies s’animent
En un tout minime
Mais dont le chaos commet un crime
Car tous se perdent sans se rencontrer
Que le croisement est éphémère
Que la promenade est passagère
Que son envoûtement est souffrance
 
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Jeux peau-éthique

De l’anémie je souffre continuellement
De là mon ami con part à Le Mans
D’être las de ma maladie mais il ment
De lassitude il n’est plus mon amant
Je l’ai fatigué mais il préfère me dire
Qu’il a besoin de solitude et dois partir



Sur le bord de la fenêtre, la saucisse se meurt
Sur le fort du bien être, elle se languit de douleur
Ne profitant pas de la chaleur de ses sœurs
La saucisse, sotte, saute avec son saucisson sans cesse dans le malheur
Si ses sauts sont des chutes vertigineuses dans l’apesanteur
Elle atterrit sous la fenêtre sur le sol sale de liqueur
Et au milieu du parterre des enivrantes fleurs, se meurt

(Premiers vers d’Elisa)

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En un battement de cils...

Mon cœur bat dans mes yeux
Je sens sa pulsation battante
Son apparence me tue tel un pieu
Et achève l’accélération frappante
Ce que je vois et observe
Est une indifférence de toute beauté
Qui passe et me frôle et m’énerve
Mais ma gentillesse m’empêche toute cruauté
Car je sais qu’il y a beaucoup plus important
A cause de la brièveté du temps
Vivons donc à fond chaque moment
Ne nions pas ce que nous savons sciemment
En cadence, en rythme, à l’unisson,
Nos cœurs battent dans nos yeux
De toute leur force avec frisson
Oubliant d’être pieux
Ils s’emballent comme des paquets cadeaux
Point de faux il ne faut
Que le plaisir de se donner
Papier et rubans ne sont pas mieux
Ce qui est primordial et spécial
C’est de sentir nos âmes monter aux cieux
Nos cœurs ensemble battant dans nos yeux
(1er vers de Marion)
"Ah l'amour des jeunes gens
N'est pas vraiment dans le coeur, il n'est que dans les yeux."
Acte II Scène 3 Roméo et Juliette de Shakespeare

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Souvenir

J’ai là-bas un souvenir
Qui a tenté de partir
Mais qui n’a jamais réussi à fuir
Trop apeuré de ne plus pouvoir revenir
Trop effrayé de se frayé son propre devenir
J’ai là-bas un souvenir
Qui a tenté de revenir
Mais qui n’a jamais réussi à se maintenir
En place dans cette vie trop lasse pire
Dans cette vie de vampire
Qui doit se tapir sans jamais vieillir
Qui doit se taire sans jamais désobéir
Mais lui, aspirait  à s’auto-construire
Un bohème et baroudeur devenir
On ne l’avait plus revu depuis son ire
Qui l’avait mené à s’autodétruire
Dans une éternelle insatisfaction qui empire
A mesure que la quête se fait ressentir
Comme impossible à finir
J’ai là-bas un souvenir
Qui se repose et s’attèle à dormir
Rêvant d’être un présent et de s’en enorgueillir
Il aspire à être le présent et à en jouir
J’ai là-bas un souvenir
Qui n’a qu’un seul désir
Enfouir ses passés ressentiments ne plus se mentir
Ne plus haïr ne plus subir ne plus trahir
J’ai là-bas un souvenir
Errant et rieur qui inspire
Tout l’air qu’il peut cueillir
J’ai là-bas un souvenir
Simple à faire sourire
Car par ce simple plaisir
D’être en vie, en voyage et plein d’élixir
Il est un enivrant saoul venir
(1er vers de Manon)



                                                  Rio de Janeiro - Ete 2008
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samedi 9 octobre 2010

"Je dois partir et vivre ou rester et mourir"


Au fond ça se tient.
Le choc devant l'image désolante de ces colonnes qui supportaient notre passé, symbolisaient notre présent et soutenaient notre futur. Elles étaient là, tranquilles, ne demandant rien à personne, observant chaque âme passante se construire peu à peu. Elles maintenaient leurs présences, solidement attachées à leurs racines dans le sol. Elles laissaient nos dos fatigués s'appuyer contre elles. Elles assistaient à nos rires, nos délires et nos concerts. A nos stress et à nos révisions. Elles étaient présentes sans que nous les voyions. Vite et rapidement, elles s'écroulèrent. Un simple vent rageur les balaya et les arracha aussi facilement que nous partions tous dans nos propres directions. Certains rêves s'écroulant et se brisant, comme elles. D'autres se forgeant, se reconstruisant après tant d'hésitations, d'illusions, de doutes et de faux espoirs. Chaque petite pierre constituant chaque personne et des groupes qui se morcèlent, laissant place à des larmes d'autant plus séparées. Tout était là, par terre, gisant paisiblement après la tempête, au milieu des herbes folles qui poussaient déjà dans tous les sens, envahissant les nervures de pierre. Les tiges et les feuilles recouvraient comme un voile macabre la scène du crime. Le macchabé était enveloppé de ce végétal tissu funèbre et végétatif. Mais les victimes étaient également des êtres vivants, des plantes grimpantes, des glycines. Ces belles fleurs violacées qui s'envolaient sur les cheveux des filles, harmonieusement dansantes avec le vent, étaient désormais écrasées comme de vulgaires pétales minusculement ridicules dont la belle couleur pâle avait viré au violet des blessures subies après les coups de poing. C’était une aire qui touchait à sa fin, éradiquée par un air puissant, vivifiant, revigorant. Mais ce n’était que le début de la fin. C’était le début d’une fin longue et douloureuse. Une fin qui se faisait attendre. Une fin languissante. Une fin que le temps avait portée dans son ventre deux années. Deux années de gestation. Et il avait fallu encore une année pour que le temps accouche de cette fin qui menait à notre existence. Une année de contractions et d’allées et venues. Une année de retours en arrière et de bonds en avant. Une fin qui menait à une nouvelle existence. A présent, nous devrons nous débrouiller seuls, sans l’aide de pylônes pour nous soutenir en cas de malaise, en cas de problème, en cas de difficulté, en cas de souffrance. Personne pour nous aider. Personne. C’était le symbole concret de l’achèvement d’une période de notre vie. C’était la manifestation physique de l’aboutissement de nos espoirs. C’était juste une image choquante, désolante et triste. C’était juste une image qui nous laissait bouche bée et yeux mouillés. C’était juste la chute. C’était juste la perte. De l’innocence, de l’immaturité, de la paresse, du sommeil, du manque de travail, de rigueur et d’assiduité, des êtres chers, des êtres à peine trouvés qu’il faut déjà quitter. C’était le début d’une nouvelle aire.
Et si finalement, il fallait y retourner et tout affronter encore et encore, inlassablement ? Et si finalement, il fallait regarder ce désastre si douloureux tous les prochains jours que nous allions vivre ?



Le chemin vers les ruines romaines. Le toit de prison. L'aile nervurée. Les dalles d'un échiquier. Une marelle d'enfants.


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On est quittes

Quittons cette insignifiance
Allez entrons dans la danse
Ne nous soucions plus de l’existence
Evadons nous dans une transe

Quittons cette insipidité
Restons ancrés dans les rêves exaltés
Ne perdons pas de vue le passé
Gardons dans nos cœurs blessés

Toute la gaieté des nuits étoilées
Eclairées à la lumière faible d’un portable
Nous guidant sur le chemin noir et scellé
Vers une liberté lumineuse et inoubliable
Inquiétude et grisante peur
Nous excitait dans la torpeur

Des embruns hallucinés des vapeurs
D’une mer sans houle ni heurts
Dune dévalant le temps égrainé en heures
(C’en est assez des cétacés qui ruinent cent entassés
Car tout s’accumule et se perd
La quantité plus que la qualité
C’en est trop pour moi)
Il me faut sortir pour respirer
Car je suis las d’être là et tout ce que je désire
Plus que de ne plus jamais choisir
C’est de quitter cette insignifiance
Régnant parmi tous en toute confiance
Mais mégarde et méfiance à cette funeste ambiance
Car je suis las d’être là et tout ce que je désire
Plus que de ne plus jamais choisir
C’est de revenir
C’est de partir.

(1er vers de Giulia)


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été était


Voilà que l’été prend sa fuite, l’été se meurt
Voix là-bas s’éloignant à la suite du vent qui passe
Voisine un temps, oubli maintenant ; l’été trépasse
Vois-tu ma tristesse et ma mélancolie dans mes pleurs ?
Voyages d’une immortelle jeunesse qui se meurt
Voilà dans mes yeux le ciel gris et l’étendue lasse
Voix des enfants insouciants de la rentrée approchante
Voisine qui déménage et m’abandonne souriante
Vois-tu elle préférait partir pour mieux revenir hélas
Voyage heureux et ensoleillé dans la clameur
A pris l’avion et a couru vers l’automne
Cet été a pris sa dernière bouffé d’oxygène
La dernière aspiration d’un fumeur
Planait ce chant charmeur d’Imogen
Planait cette rumeur que sur son lit d’hôpital
L’été se mourait d’une tumeur
S’égrenait dans les tubes perfusés les fatales pétales
Elles allaient bientôt se flétrir et se faner
Cet été qui se meurt et pourtant court à toutes enjambées
Plein de vigueur et pourtant embrasse la brise des chevauchées
Cet été souffrant qui jusqu’au bout du monde et du temps
Poursuit sa fuite de l’irréalité et sa conduite
Forcenée en état transcendantal d’ébriété
Sur la route toute la journée
Les paysages défilent colorés
Tout change sauf une constante
Leur relation palpitante, immuable et hydratante
Car ils ont soif l’un de l’autre et s’abreuvent
Autant que le temps d’une route ils le peuvent
Auparavant ils se cachaient derrière un paravent
A présent ils se cachent derrière des sentiments
La route est encore longue, les bandes blanches défilent
Sous leurs pneus émanant la liberté
Embouteillages de joies de cet été
L’air de la radio dans leurs oreilles grésille
Les souvenirs laissés au bord de la route, derrière eux
Un visage féminin qui sourit et qui pleure
Les images qui filent dans le reflet révélateur du rétroviseur
D’un été qui se meurt
Pour ressusciter en horizon de manque : douloureuses consonnes
Pour renaître en saison monotone
Cet été trop vite passé et c’est la fin qui sonne.

(1er vers de Giulia)

Photos sur la route vers le Portugal - Eté 2010 
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Inception



Sensation éternelle de chute. De pouvoir, comme s'il était facile de construire tout comme on le souhaite. Tout est en mouvement, tout le temps, partout. Tout se renverse et se bascule. La pesanteur n'existe plus et les corps s'inversent. La mastication de mon âme en papier mâché est lancinante. La masturbation de mon cœur en patte à modeler s'avère être longue et douloureuse. On me broie de l'extérieur. Des graines sont implantées un peu partout mais ne poussent pas. J'ai du mal à croitre, qui l'eut cru! Des inceptions à cœur ouvert sont pratiquées sur le cerveau d'une personne fragile. Il faut recoudre avec du fil de fer pour être sûr qu'il ne se brise pas au premier coup de dent. Un fil qui ne rouille pas de préférence. Refermer, enfouir avec propreté, sans bavure. Refermer sans laisser de trace. Car le tout ce n'est pas d'ouvrir, de lancer un sujet. Cela paraît insurmontable quand en réalité (attention: laquelle? où? existe-t-elle? rien n'est réel lorsque l'on est dans un état second d'hébétude) c'est simple comparé à la lourde tâche de devoir clore quelque chose. C'est bien plus difficile de terminer que de commencer, de détruire que de construire, de reconstruire que de détruire. Comme s'il n'y avait jamais de fin et que nous allions errer à jamais dans les limbes de notre esprit. Mais si la réalité est irréelle et que les rêves sont notre échappatoire, il n'y a aucun moyen de savoir. La connaissance de la vérité est impossible. On se prend la tête, on la secoue, on la remue dans tous les sens mais les barrières sont trop solides. Pas de faille dans le labyrinthe de la recherche. Il est à la fois intransigeant et incassable. Rien ni personne ne passe. Il n'y a pas de fin en fin de compte et tout s'interrompt brutalement. Le noir devient et nous devenons à nouveau autre chose dans une nouvelle lumière aveuglante. Nous continuons sans cesse de devenir dans un présent qui n'est jamais rien d'autre que l'inconscience du temps qui passe, le subconscient de notre avenir et de nos passés. Le présent c'est ne rien savoir. Le présent c'est ne pas penser. Juste vivre. Juste cela, rien de bien compliqué. Vivre dans la simplicité de la complexion. Ma pensée est tellement confuse et pleine que je n'arrive pas à l'ordonner pour exprimer ce que je ressens. Mais comment peut-on ressentir avec sa pensée? Est-ce seulement possible? Mystère. Je ne crois pas.


Le tout ce n'est pas de voler de ses propres ailes mais bien de pénétrer les secrets. Les préserver, les respecter, les partager. La tâche qui est encore plus délicate et qui demande habileté, dextérité et calme est d'aller en profondeur dans chaque chose qu'il nous est donné de voir, d'entendre, d'expérimenter et de vivre. Enfouir, creuser. Aller "jusqu'au bout du monde et du rêve." Le rêve conscient n'est d'ailleurs qu'une manifestation de celui que l'on fait endormi. Le rêve que l'on cultive toute notre vie est tapi, endormi du sol au plafond capitonnés pour ne pas qu'il nous échappe. Mais il suffit qu'une griffe d'agressivité sorte pour que toutes les coutures implosent. La vitre tintée ne nous reflète plus et le miroir se brise. Le ralenti intensifie l'expérience de la destruction. Au milieu de cela, nous flottons serein. Car nous savons que le danger n'est qu'une peur, celle de mourir ou de souffrir. Et cette peur nous paralyse alors que le mouvement nous balance. Nous éveille à la respiration. Le souffle coupé, nous revenons à la surface d'un immeuble de plusieurs étages sous-terrain.
Le tout ce n'est pas de voler mais mal de donner, fournir, implanter, faire germer, partager, changer. La modification d'un verbe engendre le bouleversement de morts et de vies entières.
Remettre en cause la morale est un exercice, bien que parfois choquant et même déroutant, très intéressant.



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