mardi 30 novembre 2010

Masque ironique de fer

« Sa princesse est tout près, mais retenue sous son toitCar l'amour a ses prisons que la raison déshonoreMais Juliette et Roméo changent l'histoire et se tirent
À croire qu'ils s'aiment plus à la vie qu'à la mort
Pas de fiole de cyanure, n'en déplaise à Shakespeare
Car l'amour a ses horizons que les poisons ignorent »
Grand Corps Malade.




                                          Bilbao - Espana Verano 2010 Musée Guggenheim
                                                 

                                                          Salamanca - Espana Verano 2010


« Dans le labyrinthe des barbelés
Les barreaux me piègent et m’assaillent
Les barrières me retiennent emprisonnée
Sans échappatoire sans brèche sans faille
Je n’ai pas la possibilité de fuir et de m’évaporer
L’issue semble inaccessible  autant qu’inexistante
Dans ce parcours arrondi de couloirs métalliques
Qui n’est que la métaphore sanglante
Du cloisonnement onirique
Que j’ai moi-même bâtit
Pour me protéger des attaques et des peines
Cela ne fait que finalement m’isoler
Piégée par ma propre action je purge ma peine
Dans la prison des crimes sentimentaux passionnés
Où le lointain semble bien restreint
Malgré tout l’espoir que je porte en mon sein
Que je ne peux m’empêcher d’avoir
A cause de signes et de mots chaque soir
Les prairies printanières verdies
Qui me transportent au travers le l’année
Etalent leur espoir comme les douces mélodies de Verdi
Qui nous parviennent dans l’obscurité
Englobant notre côtoiement distant
Nous avions déambulé longtemps
Dans le labyrinthe des barbelés
Electrisant ce moment douloureux
Qui me ferait rire un peu plus tard dans le temps
De part son ironie et son pathétique laid
Tournoyant sans cesse jusqu’au plein creux
Nous avions envie de vomir
Notre souffrance et notre fatigue
De poursuivre le couple de nos rêves
Qui nous distanciait de plus en plus, là-bas devant au loin
J’avais envie d’en finir
Avec cet écart, cette chasse, cette intrigue
J’entendais sans vraiment écouter avec soin
Préoccupée de rattraper l’objet du pêché d’Eve
Dans le labyrinthe des barbelés
Il y a des cœurs ironiques
Qui nous cinglent de façon inique
De leurs pics de fer éhontés »
Grand Cœur Malade.
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"L'amour a ses saisons que la raison ignore"

Lunatiques humeurs
Moody Moons
Sucé-sur-Erdre Summer 2010 by Louise
Un rayon de soleil
S’était posé sur mon oreille
Pendant mon sommeil
Telle une tendre caresse
Tournicotant autour de mes tresses
En descente vertigineuse
Vers une poitrine pieuse
Un rayon de soleil
Chaleureux se fraye
Un chemin jusqu’à mon oreille
Pour que je l’écoute pareille
Au son de la pluie
La lueur sonore ensoleillée qui luit
Je vivais le moment présent et déjà j’écrivais au passé
Etrange distanciation et distraction temporelle
Envahissait mes sens corporels
D’un trop plein bien assez.
*
Giu, chapelier sous la pluie avec son parapluie rouge
 Mais c’est qu’il pleut sans discontinuer
Sur cette ville délabrée
Sur ces corps massacrés
Sur cette cité fragilisée
Sur cette chambre rangée
Sur mon être effondré

Mais c’est qu’il pleut sans arrêt
Le son de la pluie tout près
Martèle la vitre et le cyprès
La tristesse se dessine à la craie
Sur un macadam aux traits
Tirés et sur un visage il paraît
Gris de pâleur et secret

Mais c'est qu'il lui plut de demander
"Pleut-il?"
Mais c'est que l'autre n'entendit pas et rétorqua
"Plait-il?"
Mais c'est que le son pluvieux le rendait sourd
A toute déclaration d'amour


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Le Pari de l'Oubli

Tous ces gens me confusent
Trop de gens dans ce temple des Muses
Ce sanctuaire sacré appelé musée
Où les œuvres me laissent médusée
De béatitude face à tant de génie
Concentré dans la seule ville de Paris
Trop de mépris donc je n’ai pas ri
Mais un réconfort dans ces cafés
En terrasse où volent les odeurs fées
A Montparnasse où les embruns urbains se confusent
Les rapides descendent ; les lents vivent en décalage
Les potagers donnent et de tant donner s’usent
Quelque soit la fleur de leur âge
Ils ne se soucient pas du fuseau horaire
A leur rythme dans le bitume
D’une sombre clairière
Je t’oublies, je te tue
Me forçant à admirer les arts éparses
A ne pas te haïr sur un champ de Mars
Les blagues arrivent au seuil du printemps
Naissent les feuilles, s’écoule le temps
L’on rit sincèrement et pourtant
Dans mon songe pas de mensonges sulfuriques
En réalité, de vérité je te prive
Les bagues se noient sur le bord des rives
D’une Seine hystérique ; d’une scène historique
Et aux creux de Paris
J’ai réussi, j’ai ri
J’ai ri de joie et j’ai pleuré de toi
J’ai ri de toi et j’ai pleuré de joie
Tu ne me méritais pas
Tant pis pour toi
Je pêcherais dans mon filet
D’autres poissons qui ne seront pas d’Avril
Mais qui sauront voir sous mes épurés cils
L’imperfection de ma beauté masquée
Je pêcherais dans mon filet
Une flopée de pêchés acidulés
Pas de faux-filet ni de prises jonchés de haies
Comme tu l’étais
Pour arriver jusqu’à toi c’était un parcours de combattant
Attendant comme un con battant
Mon cœur ne cessait de battre à ta porte
Je te lançais des fleurs pour te réveiller
Tu me lançais des pierres pour me lapider
Mon sort était joué, j’étais morte
Je ressuscitais tel un phénix
Survolant les houles du Styx
Ayant l’Enfer doré comme escorte
Pour cette traversée pleine d’obstacles
Je franchissais par miracle
Dans l’obscure demeure de Nyx les célestes haies
J’arrivais en un lieu sans tangage
Où lui et le temps s’engage malgré notre jeune âge
Où apaisée, je réussi à sentir : je ne te hais
Point.
                                                                                                    2 octobre 2010

Paris Février 2009
 


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Prendre le large

I'm going to
leave
I'm going to
breath on Himalaya's mountains
I'm going to
please my will
I'm going to
live!
I'm going to
cry
I'm going to
sigh
I'm going to
try
I'm going to
fly!




"Gonna take her away from home... Gonna take her for a ride on a big jet plane..."
(Angus and Julia Stone)
http://www.deezer.com/fr/user/gincrum#music/angus-julia-stone

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jeudi 11 novembre 2010

L'homme qui voulait vivre sa vie

Y a beaucoup trop de "pourquoi" et pas assez de "parce que". Jour de Doute de Grand Corps Malade.
Sauf qu’ici, il n’y a pas de parce que et c’est tout. Ce n’est pas un problème car les réponses n’importent pas. On s’en fiche au fond de savoir pourquoi. Le suspens nous tenaille, les interrogations persistent et c’est ce qui nous maintient dans la poursuite d’un objectif. C’est ce qui nous maintient en vie. Comme lorsqu’un désir est plus passionnant que son assouvissement. Comme lorsque le temps de la séduction est plus distrayant que celui de l’obtention. Les mots ne posent pas les questions car il y a peu de dialogue. Les images donnent les réponses parfois en totalité parfois en partie parfois pas du tout. Un regard dans un rétroviseur ou deux visages qui regardent droit devant puis se tournent l’un en face de l’autre. Tout est dans le regard et l’expression des belles formes d’un visage que l’on capture. L’instant précis compte. Celui que l’on vit maintenant, assis au bord de l’eau, au bord de la vie, au bord de la mort, dans l’attente de partir, de bouger, de mourir. La musique convient parfaitement à cette ambiance inquiétante mais sereine, déprimante mais reposante. Elle nous berce, nous envahit, nous percute. Comme les images qui nous choquent tant par leur dureté que par leur douceur la seconde d’après. Les plans s’enchaînent, se ressemblent dans leur unicité. L’atmosphère parvient à rester la même du début à la fin et malgré la lenteur des mouvements, on ne s’ennuie pas. A la fin, on a oublié le début d’une vie dans un autre monde. Celui de l’oppression où les faux semblants et la superficialité abondaient. Il y a eu cette rupture linéaire, celle de la route, de la longue route. Des larmes à l’intérieur d’un corps contenu qui finalement explosera comme un voilier au large d’une île rocailleuse et déserte comme l’âme, dans la lueur incandescente d’un paysage noirci par la mer, la nuit et le ciel. Et Dieu qui essaye de traverser les cieux pour venir jusqu’à nous mais qu’y n’y arrive pas, ou que partiellement. Les flashs ininterrompus en boucle dans notre tête ivre et floue. Ça tourne, ça tourne, ça tourne, encore et encore. Ça tourne pas rond mais ça tourne. Jusqu’à finalement se lâcher dans les profondeurs abyssales de l’inconnu. L’inconnu de ce que va être un avenir caché. On agit vite car l’on est paniqué et on ne pense qu’au futur proche mais bientôt il sera devenu passé et on se sait pas quelle est la suite car elle est impossible à imaginer. Impossibilité de revenir en arrière mais d’aller de l’avant. On se trouve dans une zone de transition sans fluctuation, sans transition possible. On se trouve dans un no man’s land. Il faut « partir et vivre ou rester et mourir ». Mais ici, c’est rester et mourir ou partir et mourir. Survivre dans la fuite éternelle d’un acte qui ne nous ressemble pas, accidentel. Fuir notre misérable condition. Fuir l’affrontement. Et pourtant combien de courage pour affronter la solitude et les contorsions corporelles qui brûlent en nous ! Impossibilité d’être reconnu pour un travail artistique dans lequel on a mis nos tripes et notre cœur. Tous ces sentiments en nous qui font mal. Toute cette émotion de voir afficher notre souffrance encadrée de noir sur des murs si blancs, dans une salle qui nous ait réservée. Une mise en abîme d’un travail photographique sublime dans un autre travail photo-cinématographique superbe. Une mise en abîme du travail de l’artiste qui souffre et qui trouve son refuge dans le déclic, dans l’observation des autres, dans le contact avec la beauté, dans l’art. Le destin et le parcours d’un homme qui voulait vivre sa vie, mais ce n’était juste pas celle que la société avait décidé pour lui, ce n’était pas celle à laquelle on s’attendait, ce n’était juste pas celle en laquelle il croyait. L’homme qui voulait se lancer dans l’aventure, qui hésitait, qui n’y arrivait pas vraiment, qui n’osait peut-être pas. Il a du faire des sacrifices mais s’est finalement épanoui dans le martyr. Un homme déchiré et un portrait psychologique bouleversant sur fond de thème philosophique concernant la conscience morale et la conscience de soi, sur la confusion de l’identité. Voler celle d’un autre pour se trouver ? Ne pas se réaliser sans autrui ? L’homme libre est-il forcément et toujours seul ? Prendre la place d’un autre et se laisser mourir. Mentir à tous à commencer par soi-même. Ne plus être soi même mais ne pas vraiment être un autre qui a finalement disparu lui aussi. De l’action brute et âpre, des moments poignants et des souvenirs cinglants. Des souvenirs qui hantent puis qui partent en fumée dans la rondeur du soleil couchant. Mais la fumée laisse des traces dans les poumons. Les cendres finissent toujours par retomber et s’éparpiller en mille morceaux de miroir brisé dans le corps stigmatisé. On n’accepte plus notre propre image alors on cherche celle des autres. On décrit, on peint, on devine, on découvre des portraits car on se cherche en eux, on cherche notre véritable reflet dans le mélange des mensonges. On essaye de se laver de ses pêchés, de se purifier, de se plonger dans l’oubli mais l’on n’y parvient.
Ici les raisons ne sont pas importantes car ce sont les passions et les douleurs qui l’emportent, car ce sont les images et les sons, les impressions et les chocs, les pensées philosophiques qui émergent au dessus de l’horizon océanique. J’aurais d’ailleurs aimé vous expliquer tout cela sans dire « car », sans vous donner de raison avec des mots mais je n’ai pas le génie d’un cinéaste pour le transmettre seulement grâce à un film, grâce à des techniques de réalisation cinématographique subtiles, grâce au pouvoir des images. Je n’ai pas pleuré car tout est en retenu dans ce film, j’aurais pu mais la contenance a été plus forte. Tout est en retenu sauf sa beauté. A voir de vos propres yeux, à frissonner de vos propres peaux, à expérimenter de vos propres chairs, à sentir de vos propres cœurs. Quant à moi, je m’empresse de partir, le plus loin possible, de tout quitter, en solitaire et d’aller photographier de lointaines contrées qui n’attendent que moi et mon objectif (à moins que ce ne soit celui-là mon objectif), ou mon carnet et ma plume…




(Photos tirées du film d'Eric Lartigau avec Romain Duris <3)

http://www.deezer.com/fr/user/gincrum#music/sacha-galperine-evgueni-galperine/l-homme-qui-voulait-vivre-sa-vie-b-o-f-683912
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lundi 8 novembre 2010

Mon état en cours...

Je suis un minitel qui bug. Déconnection.
J’étais comme dans une bulle. Mon cerveau s’était complètement déconnecté, je n’entendais plus qu’un fond sonore strident désagréable et des voix qui baissaient et remontaient sans cesse. De vraies montagnes russes vocales et aigues. Mes oreilles s’étaient obstruées pour ne plus rien laisser passer. Ma tête était à la fois pleine de milliers de pensées qui s’entrechoquaient comme des auto-tamponneuses, et vide. Désespérément vide. Plus rien ni ne sortait ni ne pénétrait. Le nuage de flou autour de mes yeux s’épaississait. Je ne savais plus ce que je faisais. J’avais seulement conscience de ce crayon qui tournoyait inlassablement sur mon doigt. La légère douleur du frottement me maintenait en vie. J’étais endormie les yeux ouverts. Je ne voyais plus le bout de la fin et y arriver me semblait plus insurmontable qu’escalader l’Everest. Ce n’était pas tant le sommeil qui s’abattait sur mes paupières mais l’ataraxie totale. La concentration m’était totalement inaccessible et inconnue. Je ne pouvais pas, physiquement, écouter et comprendre ce qui se disait. Mon esprit et mes idées fugaces avaient fui la réalité, fui la consistance de la matière et de la représentation, fui mon corps et fui le cours, tout fui dans un espace non identifié, sans nom, intersidéral, vague, flottant dans l’air. J’avais envie de plonger mon corps dans un liquide ou dans le vide. J’avais envie de soudain m’envoler de ma chaise et de flotter. J’avais envie de sauter. J’avais envie de faire le premier pas. J’avais besoin de m’échapper en n’ayant plus conscience de mon corps et de mon esprit. Je ne comprenais plus rien à ce qui se passait. Et une pensée m’obsédait pourtant : il ne se passait rien. J’étais passive. Tout passait sans revenir. Tout me traversait sans me heurter. Rien de palpitant ne se passait sur tous les plans. Je ne pouvais rien faire qui arrangeasses ou changeasses quoi que ce soit. Rien ne changeait, tout restait du pareil au même. C’était d’une tristesse lassante. Et même lorsque je croyais qu’il y avait du nouveau, un peu de rebondissement, il s’estompait vite en brume. Je ne fixais pas le vide mais mon regard s’échappait. Et une pensée m’obsédait cependant : le fatalisme, l’impossibilité. L’idée du trop-tard cheminait. L’idée de l’obsession aboutissait, explorant chaque méandre obscur.
                                                                                                                               24 Septembre 2010
 Une ombre
                                                                Dans la lune
                                                                 Dans les airs
                                                                 Dans la neige virtuelle
                                                                                             En cours

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