dimanche 10 octobre 2010

Ô rage!

De toute façon, à chaque fois qu’il pleut, mon ascenseur ne marche plus. CQFD.
Cette nuit, un violent orage a éclaté au dessus de nos têtes. Alors que je dormais, je ne sais ce qui m’a le plus réveillé : les images ou le bruit. Le ciel était orangé comme le feu, parsemé d’un marron ensanglanté. Je le voyais depuis mon lit, dans un petit carré de velux. Et lorsque par pareille tempête, l’on dort sous un velux, les trombes d’eau s’abattent sur la vitre comme si elles s’abattaient sur nous. On a l’impression que le ciel va nous tomber sur la tête, ce qu’il est en réalité en train de faire. La répétition du bruit des gouttes d’eau qui tombe martèle la tête. Les tirs vont croissant par petites périodes saccadées comme une mitraillette qui tire sans cesse. Les éclairs qui jaillissent dans le ciel font le bruit d’une machine à pop-corn. Un bruit effrayant qui nous rappelle que l’apocalypse pourrait bien se jouer à ce moment-là même. Le tonnerre est effroyable, il glace le sang. Les flashs illuminaient ma chambre par passade comme en plein jour, révélant ainsi les détails lugubres de ce qui était dans le noir, un peu comme l’aurait fait un appareil photo avec son flash ou une machine à rayon X. Je suis alors descendue pour avoir une vue plus large du ciel, une vue panoramique, voir ce qui se passait. Le ciel était gris, un gris presque noir, intense, lourd et profond. Il n’y avait pas de nuage à proprement parler mais le ciel semblait être un seul et même nuage titanesque qui avait décidé d’exploser cette nuit-là. Tout déferlait sur la terre, tout le vent, les foudres et la pluie diluvienne nettoyaient l’immensité céleste de ses impuretés, de son trop plein. L’air était chargé d’humidité bien sûr. L’air était opaque, oppressant. Des milliers de petites particules blanches formaient un peu de brouillard mouillé. Les lumières de la ville tentaient de percer, d’éclairer, de montrer leur existence, en vain. Leur lumière était trop faible, trop floue. Mais les couleurs grises, noires et jaunes formaient un tableau différent, étrangement inquiétant, presque laid. Je repartais me coucher pour lire, n’arrivant pas à dormir, il y avait trop de bruit. Je finissais de lire le Gorgias de Platon à 5h30 du matin. Puis me rendormais quand cela s’était un peu apaisé. Au réveil, une heure et demi après, le ciel commençait à se dégager. Les nuées s’estompaient peu à peu. Des lueurs rosées donnaient au tout un ensemble original. Plus tard ce jour-là, dans l’après-midi, le soleil était au sommet de son art et le ciel n’avait jamais été autant bleu azur. Plus que jamais la journée était belle et dégagée de tous soucis. La clarté, la netteté des couleurs, l’affirmation positive de leur existence s’opposaient radicalement à mes sentiments confus et négatifs.  Après l’apocalypse nocturne, la beauté ensoleillée diurne. 
                                                                                                                    Nuit du 7 au 8 Septembre 2010
« Qu’on me loue enfin ce tombeau, blanchi à la chaux avec les lignes du ciment en relief- très loin sous terre.
Je m’accoude à la table, la lampe éclaire très vivement ces journaux que je suis idiot de relire, ces livres sans intérêt.
A une distance énorme au-dessus de mon salon sous-terrain, les maisons s’implantent, les brumes s’assemblent. La boue est rouge et noire. Ville monstrueuse, nuit sans fin !
Moins haut, sont des égouts. Aux côtés, rien que l’épaisseur du globe. Peut-être les gouffres d’azur, des puits de feu. C’est peut-être sur ces plans que se rencontrent lunes et comètes, mers et fables.
Aux heures d’amertume je m’imagine des boules de saphir, de métal. Je suis maître du silence. Pourquoi une apparence de soupirail blêmirait-elle au coin de la voûte ? »
(V d’Enfance d’Illuminations de Rimbaud)
                                                                        Nice 2009


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2 commentaires:

  1. Ca j'aime encore plus :D
    Et la photo de Nice orageuse est magnifique, on dirait une peinture alors qu'en fait le décor est moche.
    Y'a quelques facilités dans le texte ou des expressions/ordres syntaxiques qui brisent un peu l'impression générale mais à part ça j'aime 8D

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  2. Merci beaucoup ça me fait plaisir :D
    (oui j'ai pas trop cherché celui-là je me suis contenté de raconter comme ça venait un peu en vrac et j'ai pas modifié après ^^)

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